Le cueilleur d’algues et entrepreneur Antoine Nicolas demande à Québec de mettre à jour les données sur la biomasse d’algues de la Gaspésie.
La dernière étude officielle qui évalue la quantité d’algues de la région date des années 1970, selon le ministère des Pêches et des Océans (MPO).
Cinquante ans plus tard, le propriétaire de l’entreprise gaspésienne Un Océan de saveurs, Antoine Nicolas, demande à Québec de faire ses devoirs.
Antoine Nicolas a fondé l’entreprise Un Océan de saveurs en 2011. (Photo d’archives)
Photo : Gracieuseté : Antoine Nicolas
Il nous faudrait un état des lieux, d’année en année, du volume d’algues au fond de l’eau pour savoir exactement quelle est la quantité qui peut être récoltée d’une année à l’autre
, affirme-t-il.
Biologiste de formation, l’entrepreneur rappelle que l’état des populations d’algues peut changer rapidement.
«La biomasse peut changer d’une année à l’autre. Dans la baie des Chaleurs, des espèces ont quasiment disparu de certains secteurs. Il y a des forêts entières qui peuvent disparaître du jour au lendemain sans qu’on sache pourquoi.»
Une citation de Antoine Nicolas, propriétaire de l’entreprise Un Océan de saveurs
Il faut pousser plus loin ces inventaires de biomasse pour essayer de comprendre ce qui se passe, parce que dans le contexte actuel des pêches au Québec, les algues pourraient être un indice, sur le plan des ressources, de ce qu’il va rester à manger demain
, avance-t-il.
Dans le même ordre d’idées, Antoine Nicolas aimerait que Québec révise ses critères d’attribution des permis de récolte d’algues pour que soit toléré un certain pourcentage d’arrachage accidentel.
On a une marge d’erreur qui nous a été donnée sur l’arrachage accidentel, qui est de 10 % cette année. C’est plus facile à gérer sur le plan de nos conditions de permis, même [si] sur certaines espèces, ce n’est pas suffisant
, explique-t-il.
Une saison compliquée par la météo
Cette année, la cueillette d’algues d’Antoine Nicolas a été parsemée de défis en raison du mauvais temps.
S’il pleut à marée basse, ça va abîmer les algues, parce que la plupart des espèces ne supportent pas le contact avec l’eau douce
, explique le cueilleur.
La laitue de mer fait partie des algues sauvages qui sont récoltées par Antoine Nicolas. (Photo d’archives)
Photo : Facebook / Xavier Girard Lachaine / Un océan de saveurs
Puisqu’il a beaucoup plu en juillet, l’entrepreneur et son équipe ont revu leur façon de faire et sont allés cueillir des algues plus en profondeur. Ainsi, ils réussissent à dresser un bon bilan de leur été malgré tout.
On met aussi beaucoup d’énergie dans les marchés d’été. Toutes les fins de semaine, on est sur les marchés publics, que ce soit à Gaspé, à New Richmond, à Grande-Rivière et bientôt à Rimouski
, ajoute Antoine Nicolas.
Au printemps, Antoine Nicolas a appris que son dossier serait transféré du fédéral au provincial. Le MPO a en effet réalisé qu’il prenait en charge, à tort, la gestion de la cueillette des algues dans la province depuis 1995.
«Ç’a été une surprise d’apprendre qu’on allait être transféré au MAPAQ […] Ça va quand même globalement mieux que les années précédentes. On va dire qu’on est sorti de trois ans et demi de bras de fer avec le MPO par rapport aux critères de récolte.»
Une citation de Antoine Nicolas, propriétaire de l’entreprise Un Océan de saveurs
Cela dit, certains irritants demeurent.
Même si la cueillette d’algues récréative est interdite au Québec, Antoine Nicolas raconte qu’il croise une dizaine de personnes par année qui pratiquent la cueillette sans permis.
Ce qui me surprend le plus, c’est le nombre de personnes qui me disent qu’ils récoltent sans permis les algues et qui ne sont pas inquiétés. Certains me disent : je n’irai pas chercher de permis, je vais continuer de le faire pareil
, déplore-t-il.
Avec les informations de Véronique St-Onge